"L'Intrépide Soldat de Plomb"
d'après Hans Christian Andersen
par LA CIE STEFAN WEY (Allemagne)

Idée et jeu: Stefan Wey
Mise en scène:
Tobias J. Lehman
Scénographie:
Ingo Mewes et Thomas Klemm
Danseuse:
à déterminer

Technique et effets spéciaux: Sven Huerdler, Jörg Schuchardt
Lumière:
Gerd Weidig

Un espace blanc, en réalité, une gigantesque toile de parachute dégonflée. Sur scène se dessine une apparence de formes sous l'étoffe blanche. En costume blanc, un étrange et élégant dandy se présente. C'est Andersen lui-même. Il semble tellement fatigué. Il se parle à lui-même. Vouloir dormir, méditer, rêver. Une petite musique lancinante monte lentement en puissance. Peu à peu, elle devient obsédante. Vouloir s'allonger, se coucher, s'endormir. La toile se gonfle d'air chaud. Elle nous submerge, envahit tout. Andersen disparaît sous les gigantesques draps blancs. Il réapparait et nous invite à le suivre.

L'envers du décor. Nous nous glissons sous les pans de toile comme si nous pénétrons dans ses rêves. De petits bancs nous attendent, l'espace scénique se métamorphose en lanterne géante, les images et les ombres sont projetées au dessus et tout autour de nous. Au rythme d'une ritournelle échappée d'une boîte à musique, le petit soldat affronte une suite vertigineuse d'obstacles au bonheur. Malgré son handicap, il sait gagner l'affection d'un petit garçon, l'amour d'une ballerine, mais il tombe par la fenêtre et tout bascule. Une énigmatique puissance maléfique se déchaine : la rue, les caniveaux, le canal, le poisson, les courants d'air et le feu du poële. Les mécanismes cruels du conte d'Andersen sont magnifiquement respectés. Des images rougeâtres se découpent sur les parois de la toile et nous sommes engloutis dans le ventre du poisson, tout le spectacle suit cette ingénieuse poésie.

Revue de presse française:

"L'intrépide Soldat de Plomb" de la compagnie du Puppentheater Meiningen est un modèle rare de sensibilité et de délicatesse. Peu d'oeuvres peuvent paraître aussi simple, nous font rêver et nous émerveillent par tant d'émotions.

On explore l'innocence de l'amour, l'ironie des événements. On résiste dignement et obstinément aux difficultés de la vie, pour le plaisir de revoir un instant la ballerine danser quelques pas. On saute dans le bateau de papier, on est englouti par les eaux, embrasé par les flammes. Les images projetées se complètent remarquablement avec le jeu d'acteur et la chaleur de la voix de Stefan Wey. Visuellement splendide, ce conte initiatique se laisse révéler comme on trahit un secret.

Delphine Perez www.theatre-enfants.com

"Un merveilleux spectacle d'ombres et de lumières. Et à la clé, le délicieux sentiment d'avoir eu le privilège d'arrêter le temps. Et de retourner en enfance, sur les ailes magiques d'une très grande création."
Ce spectacle est un pur chef d'oeuvre. On y adhère à n'importe quel âge et les enfants du public n'étaient pas les plus fascinés."„Fascinant le comédien, Stefan Wey, qui du haut de sa belle stature, enroule le public au bout de ses doigts."

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Pourquoi "L'Intrépide Soldat de Plomb"?

Comme beaucoup d'autres contes de Hans Christian Andersen, L'intrépide soldat de plomb est lui aussi un conte sur un personnage à part, sur un solitaire. Le plomb d'une cuillère n'a suffi que pour couler vingt quatre petits soldats identiques, il manque une jambe au vingt cinquième. Bien que ce dernier se montre aussi intrépide sur son unique jambe que les autres, cette imperfection notoire lui vaut un destin, une trajectoire de vie, différents.
Tout commence le jour où il est enlevé de la boîte où sont couchés les vingt quatre autres soldats. Resté dehors, il aperçoit une danseuse, qui parce qu'elle danse, semble ne tenir que sur une seule jambe. Il en tombe amoureux. Elle le regarde, il la regarde. Peut être est-il le premier à la remarquer, car son handicap exacerbe sa sensibilité. Il voit mieux, il entend mieux, il ressent plus profondé- ment, il rêve plus fort. Mais, pour que ni la danseuse, ni les autres soldats ne remarquent ses faiblesses, il se montre stoique et fier comme un soldat et en toutes choses il reste intrépide. Pour surmonter physiquement et psychiquement les blessures que lui réserve le monde extérieur, il a fait de l'intrépidité sa devise de survie.

Détourné comme "bloqueur de fenêtre », il est balayé dans le vide par un coup de vent. Deux garçons le trouvent, le retirent de la boue des pavés du trottoir, mais à cause de son infirmité ne l'emportent pas chez eux. Au contraire, ils s'amusent à l'installer dans un bateau en papier, dont le naufrage est programmé. Le bateau vire, tangue et tourbillonne mais le petit soldat lui, reste toujours vaillant. Jamais il ne crispe son visage, jamais il n'appelle à l'aide et sa passivité le conduit même à entrer en conflit avec l'ordre établi, la loi, qui est symbolisée par le rat.

Ainsi se retrouve-t-il bientôt happé par un courant qui l'emporte dans les profondeurs aquatiques où, incapable de renoncer au "devoir se tenir toujours droit ", il se fait manger.
Cette attitude lui demande beaucoup d'énergie, aussi, lorsqu'il retrouve enfin le lieu de sa naissance, est-il fatigué et a-t-il perdu de ses couleurs. Mais tout est encore là et l'amour aussi. Pourtant ni le soldat, ni la danseuse ne peuvent s'avouer la vérité à force de stoicisme (et d'effort pour se maintenir) en équilibre sur une seule jambe. Elle doit danser et résister, il doit avoir l'air d'un soldat et résister.

Lui seul aurait pu sortir du rang, de la norme et s'affranchir de la violence, qui définit le comportement d'un soldat de plomb, parce qu'il n'en était pas vraiment un. Son corps, son invalidité, sa volonté de compenser cette invalidité par un comportement encore plus exemplaire, exigent de lui tellement de temps, que, toute sa vie, la danseuse qu'il aime lui manquera.

Personne ne peut aider personne, parce que la pression sociale exerce plus d'influence sur notre éducation que les raisons du coeur. La peur d'être rejeté par la société est plus forte que celle de perdre une personne. Mais le pouvoir de l'amour se révèle finalement plus fort que les pressions sociales. Le vernis, l'éclat, l'uniforme s'écaillent, fondent et s'anéantissent mais le coeur, lui, reste. (Ce dont l'on convient toujours trop tard!)

Le petit soldat de plomb est une histoire de coeur et de raison, sur l'être et le paraître et est en même temps une merveilleuse métaphore sur l'altérité, l'incapacité de sortir du rang et la volonté de ne jamais perdre l'équilibre, que ce soit physiquement ou psychiquement.

De quel courage font preuve les personnes qui, pour une raison ou une autre, ne sont pas comme tout le monde, pour vivre à côté de nous, dans la société?
Pourquoi alors ne rien risquer, pourquoi ne plutôt oser se détruire soi-même? Peut-être est-ce la peur de sortir du rang, la véritable destruction de soi.

Tobias J. Lehmann, metteur en scène


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